29/08/2017

Ce week-end, je matais cinq minutes BFMTV. Histoire de me filer une montée d’angoisse et de stress juste au cas où ma vie serait trop belle. Une dose de risque d’attentat, une once de contamination de mes œufs achetés chez Carrouf, un chouia d’alerte météo.

Et en parlant d’alerte météo, je tombe sur l’envoyé spécial de la chaîne qui bravait les suites de l’ouragan Harvey. Je ne sais pas trop où il se trouvait, mais il expliquait les dégâts causés par les vents. Le plan était fixe. Et puis d’un coup, il dit vouloir montrer un feu rouge arraché. Bref, du super journalisme de terrain.

Là, surprise, le cadrage bouge d’une étrange façon.

Genre perche à selfie. Et bien vous savez quoi, ce n’était pas « genre »… c’était vraiment une perche à selfie ! Donc le gars qui parlait tout à fait sérieusement micro à la main, tenait de l’autre de quoi se filmer.

Tout seul comme un con.

Le couteau-suisse est devenu la norme dans tous les jobs. Tu fais tout. Tu te démerdes. Mais attention, faut que le résultat soit le même qu’à l’époque où chaque personne compétente occupait son poste ! Auparavant en journalisme, pour une équipe de tournage basique, tu avais un cadreur et un preneur de son. Aujourd’hui, tu as un portable et une perche. Idem dans la presse écrite, où tu pouvais compter sur un secrétaire de rédaction et où désormais tu dois faire confiance à d’improbables logiciels de correction. L‘ennui étant que les salariés – quelle que soit leur branche – ne peuvent rien dire : s’ils ne sont pas contents, derrière y’en a des dizaines qui font la queue !

Le (bas du) Front National nous bourre le mou avec son soi-disant grand remplacement. Oui en effet, y’a bien un « grand remplacement » mais il ne vient pas des immigrés qui nous piqueraient nos jobs, il vient des machines. Et surtout de l’appât du gain des grands dirigeants.

Je ne prône pas le retour au train à charbon. Mais y’a peut-être moyen d’arrêter de détruire emploi sur emploi. Et qu’on ne me dise pas que c’est avant tout pour supprimer les taches débilitantes et pour améliorer le bien-être des salariés…

Car aujourd’hui, de ma fenêtre, le seul bien-être que je vois privilégié… c’est celui des actionnaires.

(dessin du chouette Kanar)