« Je fais partie de ces ‘personnes qui ne sont RIEN’, voilà ce que je veux dire à Emmanuel Macron. J’ai 31 ans, un époux, un bébé de 20 mois, en situation de handicap, et je vous écris depuis en bas. »
Cher Emmanuel Macron,
je m’appelle Marine Toro, j’ai 31 ans, un époux, un bébé de 20 mois, en situation de handicap, et je vous écris depuis en bas.
Depuis cette France des déclassé.e.s, des oublié.e.s, et des cassé.e.s par le système que vous ne connaissez pas et n’avez jamais connu.
Je suis la menue monnaie du système où vous trônez, et je fais certainement partie de ces « personnes qui ne sont rien », dont vous parliez le 29 juin en déclarant : « Une gare est un lieu où l’on crois des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien … »
Je n’ai pas monté d’entreprise, je n’ai pas et n’ai jamais rêvé d’être millionnaire.
Mon compagnon gagne le SMIC, soit 1100€ environ, j’en touche 954 (et au 3 ans de mon fils plus que 770) toutes allocations comprises.
Mon handicap fait partie de ma vie, les 2054€ cumulés à nous deux font partie de ma vie, et ce n’est pas la meilleure part.
C’est la part qui m’oblige à quémander sur Facebook un chauffeur à mes amis pour aller chercher mon fils plus tôt à la crèche car il a de la fièvre, que mon époux travaille, que je n’ai pas le permis et une crise de douleur m’empêchant d’y aller à pied.
C’est la part qui m’oblige à demander à mes parents, tous deux instits à la retraite, de nous prêter leur voiture et nous aider financièrement quand la notre lâche.
C’est la part qui aimerait voir son compagnon œuvrer à autre chose que manipuler des produits phytosanitaire pour une grande marque internationale un peu pourrie et beaucoup décriée.
C’est la part qui a accepté le boulot de ce compagnon, à l’encontre de toutes nos valeurs humaines, parce que nous avons besoin de cet argent pour payer les couches de notre bébé, les courses au supermarché, l’eau, l’électricité, la vie en somme.
Vous, président Macron, vous ne tiendrez pas un mois de cette « vie de rien », que vous jugez avec une légèreté n’ayant d’égale que la banale indifférence portée par vous et ceulles de votre caste sur les miens et ceulles des français.e.s qui vivent avec 2000€ par mois pour 3, souvent moins et parfois à peine plus.
C’est la part qui vit dans la hantise que le moindre électroménager ne lâche car on n’aurait pas les moyens de le remplacer. La part qui se bat des semaines pour obtenir un prêt pour acheter une nouvelle voiture, la part qui a besoin de 4 à 5 rendez vous à la banque et montrer pattes blanches avant qu’on ne consente à lui ouvrir un compte.
C’est la part qui craint que, si mon handicap ne me tue pas avant, il y ait de fortes chances que je finisse ma vie seule, car la profession de mon époux le condamne à 7 ans d’espérance de vie de moins que la plupart des gens à qui vous, président Macron, quand vous dites « ceux qui ont réussi », vous vous adressez, en oubliant tous les autres.
Voilà la réalité de ma vie, et je pense que ce n’est pas la moins partagée parmi les français.e.s.
NON, je ne suis pas « rien » ! Je m’appelle Marine Toro, j’ai 31 ans, un époux, un bébé de 20 mois, un handicap et j’ai une vie qui compte, oui qui compte comme celles de tous les français et toutes les françaises que vous êtes censé représenter, et pas seulement ceulles jouissant d’une vie qui ressemble à la votre.
Ce message est pour nous tous qui ne sommes « rien » aux yeux de notre président. N’hésitez pas à partager car à tous les « rien » on vaut mieux que les « réussis » de M.Macron
Le 2 Juillet 2017
Marine TORO