Après des semaines de lutte pour se faire entendre, la France attendait l’allocution du Président de la République le lundi 10 décembre. Si certains analystes estiment que des efforts sont au programme de l’exécutif, en ce qui me concerne, j’estime que les annonces faites ne représentent pas ce qui aurait dû être dit … 

 Confortablement installée dans mon canapé, j’attendais presque fébrilement le JT de lundi. Tiraillée par un sentiment d’espoir et de fatalité. D’espoir car je voulais encore y croire. A un sursaut de conscience, à une honnêteté non feinte, à une main tendue vers notre pays. De fatalité ou fatalisme, car au fond de moi, je me doutais que mes espoirs seraient trahis.

Visiblement contraint et forcé par les événements, le voici qui apparaissait sur mon petit écran. Sa voix grave laissant place ici et là à une plus suave, pour jouer le rôle de celui qui comprend, de celui qui écoute et compatit. Mais dans le fond et non dans la forme, on devinait d’entrée de jeu que rien n’était plus faux.

En début de discours on a eu le droit à la « fessée » présidentielle. Allez, admettons, ce qui s’est produit depuis le début de cette rébellion a de quoi faire hisser les cheveux sur la tête de n’importe qui se baladant dans les rues de France. Ensuite,on arrive au gros des annonces. Enfin, aux annonces aussi grosses que de la poussière disséminée sur une montagne…

 Tout art de la guerre repose sur la duperie

100 € de plus par mois pour les personnes au SMIC. Cool, non vraiment, mais cela ne concerne que 1,655 million de salariés ! De plus, cette aide miraculeuse sera en fait liée à une augmentation de la prime d’activité. Sauf que cette dernière est calculée en fonction de la situation familiale. Autant dire que bons nombres de gens n’en verront pas la couleur. Cerise sur le gâteau, ce bonus décroît pour ceux qui gagnent entre un smic et 1,2 smic. Et il disparaît totalement pour ceux en dessous d’un demi-smic.

 Une prime de fin d’année dans les entreprises, sans que cette prime « ne soit soumise à impôt ou charges ». Ouais, là encore,bravo ! Ceci étant dit, cela reste à la discrétion des entreprises. Rien d’imposé ou d’obligatoire. Ceux qui sont généreux le feront, les autres … Non ! De plus, au regard du temps imparti, pas certain que la mesure puisse être applicable avant le 31 décembre. Et de toute façon, elle restera soumise à la CSG et à la CRDS.

Le retour des heures supplémentaires défiscalisées. Seule véritable bonne nouvelle.

Pas de hausse de CSG jusqu’à 2000 € de retraite… Ok, mais au regard du mea-culpa présidentiel sur les retraités qui se sont vu prendre pas mal d’argent avec la réforme des retraites, pourquoi ne pas leur offrir un « crédit d’impôt » pour l’année prochaine, ou tout simplement, les rembourser ? Et en ce qui concerne le retour de l’indexation des pensions de retraite sur l’inflation, bah, qui ne dit mot ne consent pas forcement. Le président de la République n’ayant rien annoncé à ce sujet, les rémunérations perçues par les retraités continueront d’augmenter moins vite que la hausse des prix.

 Pas de rétablissement del’ISF. Inutile d’en traiter, fallait pas rêver !

Ceci clôture les annonces de « sortie » de crise…

Le pauvre devine ce que donne la richesse, le riche ne sait ce que signifie la pauvreté

Sans grande surprise, les précaires et les chômeurs, c’est-à-dire, 9 millions de personnes pauvres dont près de 3 millions sont dans une situation de privation matérielle grave, sont les grands oubliés de ce spectacle d’annonces plus ou moins stériles. Toutes les annonces faites, vont dans le sens de ceux qui travaillent un minimum. Et vous savez quoi, allez, OK, on revalorise par un tour de passe-passe 100 euros au SMIC, mais on s’en fiche à vrai dire. Pourquoi ? Parce qu’entre août 2017 et juillet 2018 les prix à la consommation ont connu une augmentation globale de 2,3 %. Et accrochez-vous, selon un rapport du Sénat présenté Mercredi 18 juillet, la facture moyenne d’électricité d’un ménage français sera de 1307 euros en 2020 contre 874,5 euros en 2011, ce qui représente une hausse de 50% (Données hors taxes). Loin de ces mirobolants 100 euros.

Sur ces 9 millions de« sans gilets par manque d’argent », fin 2016, quelque 4,061 millions de personnes percevaient une prestation sociale. En dehors de l’Allocation adulte handicapé (AAH) qui donne accès à un montant maximal mensuel de 810,89€, le RSA ou ASS eux, octroient 536,78 €/mois pour le RSA et 494,88 €/mois pour l’ASS. A cela peut s’ajouter une aide au logement de quelques centaines d’euros. En clair, une personne seule avec un enfant n’aura pas plus de 980euros par mois, englobant le RSA ou l’ASS ainsi que l’APL.

Vous pensez, « c’est déjà bien » ?  Eh oui, c’est déjà bien, sauf qu’un individu est considéré comme pauvre quand ses revenus mensuels sont inférieurs soit à 855 euros, soit à 1 026 euros (Insee, données2016), selon la définition de la pauvreté utilisée (respectivement au seuil à 50 % et à 60 % du niveau de vie médian). De plus, vivre avec 1 026 euros ne représente pas la même somme pour une personne seule que pour une famille avec des enfants, qu’on vive dans le parc HLM ou privé, à Paris ou à Toulouse…

Mais plus globalement, nous sommes tous concernés par cet appauvrissement lent mais inexorable. Ainsi, l’OFCE et Eurostat sont venus confirmer que les ménages français ont bien vu leurs conditions financières se dégrader depuis dix ans … En effet, selon des statistiques publiées le 28 novembre par Eurostat, la France tient son rang de championne européenne des prélèvements obligatoires. Ceux-ci représentent près de 48,4% de son PIB en 2017. L’INSEE quant à lui, faisait état en novembre d’une diminution du pouvoir d’achat de presque tous (90%) les Français entre 2008 et 2016. « Le revenu disponible moyen par ménage en euros constants serait, en 2016, inférieur de 1,2% à son niveau de 2008 », explique l’organisme, soit en moyenne 440 euros de revenus disponibles en moins par ménage.

Que la stratégie soit belle est un fait, mais n’oubliez pas de regarder le résultat

Aussi, avant d’être définitivement malade d’écœurement, voilà ma pensée du moment : Les quelques mesures qui ont été annoncées vont être forcément financées en prenant ailleurs en contrepartie. Il n’y a pas de réel changement, et ça ne permettra jamais de répondre aux enjeux actuels. Le monologue théâtral du lundi 10 décembre a de quoi révulser, car il est profondément irrespectueux pour l’intelligence des français. Je ne traiterais pas ici des allusions fondamentalement « Le Pen » sur le sujet des migrants … Même si j’ai bien envie ! 

D’après moi, il y avait d’autres façons de faire :

Offrir une prime ou un crédit d’impôts pour s’équiper de Kit bio éthanol e85. On veut de l’écologie et en même temps que les gens puissent travailler ?  Bah, voilà une solution.

Augmenter le RSA et l’ASS de 100 euros, ainsi que redonner les 5 euros d’APL aux plus pauvres. Des gens meurent de faim, littéralement ! Non car ils ne veulent pas travailler, mais simplement car ils ne trouvent pas de travail. Le taux de chômage en France croît de 0,5% au troisième trimestre 2018. Le nombre d’inscrits depuis un an ou plus est en hausse de 1,6% (de 2 570 000 à 2 611 000). Et sur un an, l’augmentation est même de 7,2%. Ainsi, plus de 6 M de personnes sont inscrites auprès de Pôle Emploi en France métropolitaine à la fin du 3e trimestre 2018 VS et selon le ministère du Travail, 156 300 postes à pourvoir à la fin du deuxième trimestre 2018 en France. La loi travail fait en effet des miracles …

Remettre en place les « compteurs » sociaux d’énergie, et non pas un chèque d’une centaine d’euros qui ne sert pas à grand-chose avec des factures de 700/800 annuels.Selon l’ONPE le phénomène de précarité énergétique touche près de 5 millions de ménages français.

Annoncer la mise en place avec les Maires de France de l’aménagement de transports publics plus fréquents, plus tard dans la nuit et mieux adaptés pour ceux qui ne peuvent acheter un véhicule.

Promouvoir le temps de travail partagé, il vaut mieux avoir ½ job que pas du tout. Former et mettre en relation des chômeurs pour la création de coopératives agricoles bio ou toute autre activité collaborative et ce, pour sortir de la précarité.

Augmenter le parc HLM par des constructions rapides, (3D, chalets en bois, containers usagés, silos à grain, etc.)

Permettre aux retraités de vivre leurs derniers moments sur terre paisiblement, en réduisant leurs impôts.

Remettre l’ISF en place, les recettes 2014 et 2015 de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) étaient de 5,2 milliards. Punaise, c’est une somme non négligeable. Le ruissèlement n’existant pas, arrêtons là les âneries. Selon un rapport publié par l’organisation non gouvernementale Oxfamet (le Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne), depuis 2009,les actionnaires des groupes du CAC 40 ont récupéré plus des deux tiers des bénéfices de leurs entreprises. CQFD.

Je peux continuer ainsi des pages et des pages …

Pour clôturer, je citerais Léon Gambetta, qui disait en son temps une phrase tellement belle, tellement vraie si tenté qu’on le veuille « L’avenir n’est interdit à personne » … Maxime plus que jamais,d’actualité …

M.G.

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