Cela fait un moment que je n’ai pas écrit. 

L’écriture est comme le fait de créer : parfois la feuille reste blanche. J’ai plein d’idées mais je n’arrive pas à m’exprimer. Ce terme «  s’exprimer » est vraiment exact car il s’agit vraiment de SORTIR DE SOI ses émotions, son soi profond.

Oui, je suis comme ça, rien ne peut sortir de moi sans que mon émotionnel n’y soit intimement lié. 

J’ai, entre temps, vécu et expérimenté des choses en tant que femme, mère et citoyenne et j’ai dû faire des choix. Ce texte reflète bien évidemment un point de vue personnel et n’a pas vocation d’être « la » vérité.

Je suis maman solo depuis 2013 et j’ai repris le travail après le congé parental en 2015. Mes fils étant ma priorité, je dois toujours mettre en balance mon bien être, le leur, notre vie quotidienne, nos besoins.

Pour la plupart des gens cela passe par le travail car il est évidemment nécessaire dans notre société de travailler pour manger.  Cela est devenu tellement la norme.

Mais je me suis fait une réflexion : en tant que parents et surtout en solo, nous n’avons même pas la possibilité (et encore moins si nous sommes en situation précaire) de faire le choix de travailler à temps partiel pour gérer la vie quotidienne, les rendez-vous médicaux, le sport et du temps avec nos enfants. 

La charge mentale des familles monoparentales est immense. On nous demande d’être parfaits, énergiques, d’aller travailler, mais d’être présents pour les enfants, de faire carrière, d’être en forme etc… Quelle dictature du MIEUX !

Courant novembre de l’an passé, mon fils aîné a été diagnostiqué ‘phobique scolaire’, lié au fait qu’il est un enfant haut potentiel. Il a depuis été scolarisé à domicile car cela est devenu trop compliqué pour lui d’aller à l’école. Au-delà des jugements, des « y-a-qu’à-faut-qu’on… » j’ai tout entendu sur mon choix de devenir son professeur le temps qu’il aille mieux.

Oui, j’ai besoin de sous. Oui, il faut que je travaille. Oui, il faudra qu’il se sociabilise. Oui, oui, oui …  mais « crotte de bique », prenez mes chaussures et mes responsabilités et tentez de faire un choix entre votre enfant qui est heureux de travailler un temps à domicile et notre « devoir » de capitaliser pour la retraite.

Quel choix feriez-vous ? Celui de votre fils qui sourit et qui avance dans son cheminement ? Ou celui de votre argent qui tombe chaque fin de mois.

Voilà, oui, j’ai fait un choix très difficile, celui d’accompagner un enfant différent sur son chemin, et cet enfant est le mien.

Ce que je fais est un TRAVAIL, mais je ne suis pas rémunérée pour cela. Je peux en parler car je fais appel à toute ma créativité pour vivre avec très peu.

Cette précarité là, un peu choisie par la force des choses, on n’en parle pas. On va glorifier celui ou celle qui reprend le travail, quelles qu’en soient les conséquences sur ses enfants, sa famille. 

Car voilà, « l’argent rentre » donc la personne est honorable et elle est utile à la société !

Mais suis-je, moi, inutile auprès de mes enfants ? Qui d’autre que moi a pris en compte la phobie de mon fils ? Qui d’autre que moi entend presque quotidiennement « Maman, MERCI !!! » ?

Oui, jour après jour, je réfléchis sans cesse à comment nous en sortir, mais aussi et surtout comment transmettre à mes enfants du bon et du solide pour leur avenir.

Mais non, parfois on ne peut pas tout cumuler. Il faut parfois pouvoir accepter d’être en précarité ou de gagner moins pour pouvoir accompagner nos proches et faire des choix conscients.

Du coup, il faut alors faire appel à ses capacités de résilience et de créativité. 

Je cuisine plus de produits bruts, le quotidien devient aune source d’apprentissage et le terrain de jeux pour mes deux enfants scolarisés à domicile (les crêpes, les saisons, les livres …).

Je consomme très différemment car je n’achète quasiment rien.

J’ai eu ces derniers mois des surprises magnifiques, des dons de vêtements ou d’autres choses, ou encore le déménagement d’un voisin qui m’a donné des meubles. Pour moi, acheter est devenu rare en ce qui concerne le non alimentaire et j’en ai fait aussi un cheval de bataille que je nomme «déconsommation» !

Mes fils apprennent en vivant et en grandissant. Ils savent que vivre avec peu est possible dans un contexte climatique qui les poussera eux aussi à être dans la réflexion permanente sur leur façon de vivre.

Ce que je veux vous exprimer dans ces quelques lignes est que, parfois, le fait d’être précaire (je parle de ma situation de maman célibataire) rend tous nos choix très déterminants, voir vitaux … au sens premier de ce terme.

Nous sommes alors l’objet de critiques et de jugements mais heureusement aussi de belles déclarations. 

Je vais être sincère : aucune injonction ou réflexion ne fait le poids face au bien-être de mes fils. 

J’aimerai juste, parfois, être un peu plus soutenue moralement.

Quand est-ce que les gouvernements tiendront compte de ces parents courage qui font des choix pour un enfant différent, ou handicapé, ou malade ?

Merci de m’avoir lue. 

Je vous embrasse.

Clair’ette (68 – Colmar)

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