C’était un samedi de novembre
La colère était à son comble
Depuis des semaines, le prix du carburant
Mettait le pays à feu et à sang
Ce jour-là, il y a désormais trois ans
Plus d’un million de Français se sont réunis
Allant à l’encontre de la tromperie médiatique
Sur la portée du mouvement et les fausses statistiques
J’y étais, parmi eux, à mon corps défendant
Car je n’ai jamais supporté les injustices en général
Surtout quand ils viennent de gouvernements
Qui prennent les Français pour les coupables
Par solidarité, j’ai annulé des événements littéraires
Quitte à me mettre à dos des organisateurs
Une partie de mes proches et de mes lecteurs
Mais j’ai des convictions qui ne sont pas éphémères
Que reste-t-il de ce temps où l’union
Faisait la force digne des révolutions
Malgré les chantages, les menaces et les pressions
Pour qu’il n’y ait au fond que de profondes divisions ?
Bien entendu, trois ans plus tard, peu de choses ont changé
Car, en général, les promesses finissent par s’envoler
Sous les miettes et les paroles abreuvées de maladresse
Dans une comédie de boulevard en grande détresse
Affublés d’un gilet jaune en signe de protestation
Visible de loin par les policiers et les badauds
De manière pacifique, sans heurts ni violence
Nous disions non au système et à son indifférence
Quelques semaines plus tard, le mouvement s’était atténué
Récupérée par des blocs fascistes et outranciers
Utilisant la violence pour laisser condamner
Des innocents qui voulaient simplement s’exprimer
Dès lors, les élections ont sonné le glas
D’une forme de révolte comme il y en a des tas
Mais dont le ferment était la hausse des prix
Une thématique que l’on retrouve aujourd’hui
La parole est libre, la plume est serve
Mais les actes sont demeurés dans de grandes réserves
L’obéissance a mené à toutes les plus grandes guerres
Le temps est venu de lever son derrière !
©Nicolas Bouvier