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Notre-Dame a brûlé. Du coup, les esprits s’échauffent.

J’avoue que je ne suis jamais entrée dans la cathédrale, je ne la connais qu’en carte postale. Mais je peux comprendre que sa destruction suscite l’émoi, qu’à tout crin on veuille la reconstruire. Malgré le pognon de dingue qui ne ruisselle pas habituellement, c’est un déluge de dons qui inonde Notre-Dame. Presque un milliard en quelques heures. Ce qui, pour redresser les poutres, n’est pas une paille.

En même temps, comme dirait le môme à la tête de la start-up nation, c’est tant mieux ! Car si j’ai bien compris, l’édifice appartenant à l’Etat, il en est donc son propre assureur. Ce qui revient à dire que Notre-Dame n’était pas assurée… Bien sûr, il n’en ira pas de même pour les entreprises présentes sur le chantier. Si vous avez eu affaire à un assureur dans votre vie, vous savez déjà que les experts vont tout faire pour se renvoyer la balle.

Revenons-en aux dons (du ciel) des premiers de cordée et à toutes les idées inventives pour trouver du fric, lesquelles surgissent comme des bouchons de champagne. Pinault, Bouygues, L’Oréal, LVMH, Total sont les principaux à mettre la main au portefeuille. Ce qui ne les fait pas boiter puisque les dons des entreprises permettent une réduction de leur impôt à hauteur de 60%. Avantage auquel Pinault et Arnault viennent de renoncer. Et ils ne boitent toujours pas. Mais au moins, cette somme ne retournera pas dans leurs poches, via les nôtres, c’est bien urbain de leur part.

Puis s’ajoutent à cela les solutions disruptives : le reversement par certains éditeurs de tout ou partie des droits sur la vente du « Notre-Dame de Paris » de Victor Hugo. Ubisoft qui offre pendant une semaine une copie du jeu Assassin’s Creed Unity (qui se déroule dans la cathédrale) et file un chèque de 500.000 euros pour aider à la réparation.

Sur le fond, qu’on veuille donner pour Notre-belle-Dame ne me choque pas. Non. Ce qui m’emmerde, c’est qu’en quelques heures certains soient capables de mettre sur la table des sommes astronomiques qu’on ne trouve jamais le reste du temps. D’habitude, la France n’a pas les moyens ; la France est endettée jusqu’au cou ; la France doit serrer la ceinture.

Ainsi le Plan Pauvreté du gouvernement – entré en vigueur en janvier – se chiffrait à 8 milliards… sur quatre ans. Soit 2 milliards par an. Donc un milliard en six mois.
Et là, comme par miracle, on déniche un beau milliard tout dodu en 48 heures ! Des tonnes de pépètes planquées, bien au sec sous le matelas du grand capital, qui ne vont même pas manquer à leurs propriétaires.

Selon un rapport du syndicat Solidaires-Finances publiques, la fraude fiscale équivaudrait en France à 100 milliards par an. Si les plus riches d’entre nous filoutaient un peu moins, ce serait tous les jours Noël sous les poutres de la République.

Alors j’apprécierais qu’ils pensent aussi à flamber, quelquefois, pour le reste de la société.

Avant qu’on soit complètement cramés.

(dessin d’ Allan BARTE qu’il est bien)



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