Suite à la 1ère Nuit de la Solidarité Strasbourg 2020 et au débat public organisé le lendemain soir (jeudi 5 mars), l’association « La Roue Tourne » a publié sur sa page FB @larouetourne67 sa perception de cette opération, et propose de faire la prochaine fois AVEC les personnes concernées.

Hier nous avons assistés à la conférence de presse et au débat public basé sur les premiers résultats de la Nuit de La Solidarité Strasbourg 2020 autour de la question « Quelle place pour les personnes précaires à Strasbourg ? ».

DES ABSENTS ET DES OUBLIS ?

Différents intervenants ont été conviés mais il y avait malheureusement des absents. En effet, on a pu entendre un « Maître de conférence en esthétique et philosophie de l’art » de Strasbourg et une « Professeure titulaire à l’université de Lausanne » (en Suisse) mais … pas de SDF. Nous ne remettons pas en cause la qualité de leurs interventions mais il y a tellement de personnes qui vivent en bas de chez vous, à Strasbourg, concernés par ce dispositif qui auraient pu témoigner de leurs quotidiens … Leur laisser la parole lors de cet évènement, ce serait déjà donner une place à une personne en situation de précarité vivant dans la ville, non ?
Mais non, pas de place pour ce type de personnes, tout comme nous n’avons pas eu de place pour organiser et participer par la suite à cette Nuit de la Solidarité. Certaines personnes dans le passé nous avaient demandés d’être une association avant d’agir. Pour rappel, l’association « La Roue Tourne » fut créée suite à un refus d’une association, Mimir, d’aider les SDF car ils ne faisaient pas partis d’une association alors que l’un des objectifs de Mimir est de venir en aide aux sans-abris. Une association, c’est ce que nous sommes aujourd’hui mais malgré cela nous n’avons pas eu notre place. Pourquoi ?

UNE CERTAINE DISCRIMINATION ET DE L’INDIGNATION

La raison de cet « oubli » serait le comportement du président de notre association : « On ne sait jamais sur quel pied danser avec lui, la manière dont il va réagir » et « il nous fait peur ». Vous jugez le comportement d’une personne qui est lié à sa maladie, qu’il a depuis la naissance, et que son quotidien de vie à la rue n’a certainement pas pu arranger les choses… De la solidarité ? De la discrimination, oui ! Discrimination envers une personne malade ayant connu pendant 8 ans une vie de rue, qui faisaient partis de ces personnes que vous comptez !
De plus, on ne savait pas qu’Edson (le président de La Roue Tourne Strasbourg) était seul dans cette association. Pourquoi avoir trouvé un nom à cette association ensemble alors ? Pourquoi ne pas l’avoir appelé juste par son nom ? De plus, s’il était si impossible de travailler avec Edson, pourquoi ne pas avoir demandé à d’autres membres de notre association de venir collaborer et partager leurs expériences de terrain et leurs compétences avec vous ? Un oubli volontaire ? Vous avez blessé Edson ainsi que d’autres membres de notre association qui connaissent la rue et/ou qui œuvrent au quotidien pour les plus démunis, et cela avant même la création de l’Hôtel de la Rue.
Quand on nous demande « vous attendez quoi de nous » et qu’on répond simplement de reconnaitre vos torts, de faire profil bas et de vous excuser simplement, déjà ça serait un début. Mais on nous a répondu « Je ne suis pas un chien ». Merci encore Vincent de Lillot. Donc certains de tes collègues sont des chiens ? Parce que certains ont baissés la tête sans dire un mot.

REMERCIEMENTS ET SUGGESTIONS

Le seul moment de solidarité que nous avons ressenti lors de cette soirée, c’est lorsque le président des enfants de Don Quichotte de Strasbourg s’est exprimé : son intervention était remplie de consternations et de désarroi, il a ajouté à la fin de son intervention « merci pour ce que vous avez fait, surtout quand on sait la manière dont vous l’avez fait » avant de vouloir nous passer la parole. Merci à lui et merci encore à tous ceux qui nous ont suivis dehors après nos interventions lors de ce débat. Merci pour votre soutien, pour ces échanges à la suite de ce départ.
La solidarité, c’est toute l’année, la souffrance liée à la rue et au mal logement également. Dans la rue, nous ne voyons pas et nous n’allons pas à la rencontre d’un numéro, pouvant être masculin ou féminin, mais nous croisons des personnes, des individus, avec une identité, des parcours de vie et de survie qui méritent amplement de la considération et du respect.
Pourquoi ne pas organiser un dialogue avec les personnes concernées par l’errance avec les élus, les bailleurs et les structures sociales et associations ? Durant votre Nuit de la Solidarité, vous n’avez pas posé de questions concernant le statut administratif ou sur l’identité (des personnes rencontrées), même pas un prénom. Un chiffre est-il un élément pertinent ? Pertinent quand on sait que c’est une photographie d’un instant T sur des secteurs pré-définis ? Que les associations enregistrent des pics en été ? Votre recensement est-il plus pertinent que les chiffres que les maraudes peuvent et pourraient relever ? A condition d’arrêter de se tirer dans les pattes pour une histoire de subventions, bien souvent, et décider enfin de travailler ensemble vers un même objectif ? Vous voulez cibler votre plaidoyer grâce à des chiffres ? C’est juste une opération de communication ? Vos chiffres prennent ils en comptent les personnes les personnes hébergées chez des tiers, ces personnes qu’on peut rencontrer dans les rues en journée ou qui travaillent mais ne réunissant pas les conditions pour accéder à un logement ? Prennent ils en comptent les personnes hospitalisées ? Les personnes qui dorment dans les toilettes de parkings par exemple ? Toutes les personnes qui dorment dans les voitures ?

On nous a dit que la nuit de la solidarité « c’est l’idée d’un groupe de pote » plutôt qu’un entre soi, qu’un recensement.

Vous ne pensez pas qu’il serait plus intéressant de tenter un dialogue entre les différentes structures sociales, associations, bailleurs sociaux, élus et personnes en situation de précarité afin de faire évoluer les consciences ?

Vous ne pensez pas qu’il aurait été également intéressant de compter le nombre de bâtiments et logements vides dans la ville pour discuter des problèmes réels de Strasbourg ? De parler de cette ville hospitalière, qui préfèrent laisser des logement vacants, vides tandis que certains galèrent à trouver des solutions d’hébergement, des personnes qui n’ont pas de solution pérenne, ne dispose pas d’une adresse, d’un toit, qui dorment à droite à gauche ou encore dorment à la rue.

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  6. A BIENTÔT … ?

2 Commentaires

  1. Merci au Citoyen Engagé, et j’en rajoute une couche: les décideurs politiques et les élus de tous poils n’ont pour horizon que la prochaine élection! Et comme les SDF ne votent pas, les partis politiques se fichent royalement de leur sort. Les élus, qui ont décrété « Strasbourg capitale de Noël » ne pensent qu’aux commerçants qui votent pour eux! La raison toute simple en est que ça rapporte un max de thunes aux commerçants, qui du coup pourront corrompre les politicards et c’est l’infernal cercle vicieux!

  2. A 100% d’accord ! Avec et pas juste Pour ! Déjà se priver de l’expertise d’une association et de ses membres directement impliqués et ne pas saisir l’opportunité de travailler concrètement avec les principaux intéressés et pour une fois pas seulement avec des observateurs « experts » ou bénévoles donnant de leur temps… c’est n’importe quoi!
    Mais surtout ne pas comprendre que la transformation d’une société ou sa mutation vers une autre forme sociale ne peut se faire qu’avec tous les intéressés, par un mouvement horizontal et transversal, c’est politiquement dépassé, éthiquement injuste et pragmatiquement inefficace!
    Ce ne sont pas des décisions politiques, « prises en haut », sur la base d’indicateurs, de statistiques, de courbes de tendances, d’essais théoriques fournies par des « experts » de la précarité qui suffiront à transformer notre ville inhospitaliere (arrêté mendicité, mobilier anti SDF, tarif CTS prohibitif, accès au revenu minimum avec conditions inaccessibles, politique explosive, etc…) en une ville fraternelle !
    Je pense, pour ma part, que ce sont les citoyens eux mêmes, qu’ils soient sous un toit fixe ou précaire, qui doivent participer à toutes les réflexions et à la construction de tous les projets pour la Ville et qui doivent co-décider avec les élus et les techniciens, mais à part égale!
    Si on veut avoir une communauté d’habitants solidaires les uns des autres, et on doit le vouloir pour être une ville résiliente et prête à surmonter les épreuves majeures qui ne manqueront pas d’arriver, si on veut que chacun d’entre nous, sur notre territoire, protège les autres et notre Bien Commun, alors il faut que chacun ait la parole, puisse être entendu et qu’il puisse participer à la construction commune !
    Si on veut demain, et il le faut pour garantir la paix sociale et le maintien de notre civilité, que tout le monde mange à sa faim correctement, ait un logement décent, une adresse fixe, l’accès aux services de santé et la sécurité, alors ce n’est pas des chiffres dont nous avons besoin, ni des engagements faits par les uns ou les autres !
    Non, nous avons besoin de comprendre que c’est ENSEMBLE que nous changerons les choses, en conviant tous les citoyens, jusqu’aux plus humbles d’entre nous, à s’asseoir autour de tables et à discuter, partager leurs points de vue, apprendre de l’autre, transformer notre peur de l’inconnu en désir de changement !
    Nous avons tant à apprendre les uns des autres, mais sur un pied d’égalité et d’équité ! C’est ça aussi l’humanité, une communauté de vivants capable de créer les conditions pour que malgré toutes nos différences chacun trouve son compte dans le projet commun! Mais ça commence par NE PAS EXCLURE, et avoir le courage de se remettre en question, accepter de ne posséder qu’une petite partie de la solution et avoir envie d’être surpris par l’Autre, et de trouver des alternatives avec tous les autres citoyens que l’on n’aurait pas trouvé seul !
    Yves
    Un Citoyen Engagé, libre de tout parti

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