Le procès de Didier Lombard et de ses acolytes qui s’est ouvert le 6 mai dernier, au-delà des pratiques délétères de « management’ qui ont poussé à partir de 2006 des dizaines de salariés de France Télécom au suicide, met en lumière une certaine conception de l’activité économique qui ne prend en considération que la recherche de la rentabilité maximale et instantanée, au détriment de tout autre critère. A cette aune, la souffrance des personnes impactées par cette politique ne pèse pas lourd …

On peut même dire que cette souffrance est un bon indicateur de l’efficacité de la politique menée, et si les syndicats n’y avaient pas mis le holà ( pas tous d’ailleurs, certains regardaient le plafond ! ), ainsi que certaine inspectrice du travail courageuse et obstinée, qui sait où en seraient les politiques de management des grands groupes aujourd’hui ?  .

… cette obsession de la rentabilité tout azimut s’attaque aujourd’hui au secteur social …

De plus, il est important de se souvenir que la privatisation de France Télécom a servi de poisson pilote aux politiques économiques encore à l’oeuvre aujourd’hui : après avoir servi de modèle au secteur tertiaire, puis commercial, puis industriel, puis agricole, puis régalien, cette obsession de la rentabilité tout azimut s’attaque aujourd’hui au secteur social … N’oublions pas que les mêmes causes produisent invariablement les mêmes effets, et que la maladie de la recherche du « profit über alles » entraîne dans son sillage une augmentation significative des suicides des populations ainsi  soumises à la sollicitude des « z-actionnaires », ces demi-dieux sur Terre !

Loin d’être un cas isolé, le harcèlement économique à l’oeuvre à France-Télécom à l’époque de sa privatisation, a servi de modèle à tout ce qui va suivre en ayant tout au plus reculé un peu le curseur de la maltraitance au travail à cause de la sauvagerie déployée par Didier Lombard et consorts, persuadés de leur impunité et de leur bon droit.

On ne cesse de répéter aux citoyen(ne)s que nous sommes, que si nous avons des droits, nous avons aussi des devoirs, et ce avec d’autant plus d’insistance que nous sommes plus bas dans l’échelle sociale.

C’est le genre de discours qu’on ne saurait tenir à un haut dirigeant ou à un détenteur de capitaux qui de toutes façons est complètement imperméable à tout sentiment de culpabilité. D’ailleurs, ils ou elles ne seraient pas à ces postes où peut s’exercer à loisir leur capacité de nuire au plus grand nombre, s’ils avaient le moindre scrupule.

Il suffit de voir comment nos grands humanistes se comportent sur les théâtres extérieurs que sont les usines à bas coût où sont fabriqués dans la souffrance tous les produits qui nous servent tous les jours, ou bien servent de champs de manœuvre à nos armes si bénéfiques à notre balance commerciale … Et comment sont reçu(e)s et traité(e)s par lesdites grandes âmes, ceux ou celles qui ont l’outrecuidance de chercher à fuir les pays où règnent la misère et l’insécurité, quelquefois à cause des forfaits de ces mêmes grands dirigeants …

Là où il n’y a pas de syndicats, d’inspecteurs du travail ou de code du même métal pour poser des limites à leur inextinguible soif de profit, nos valeureux entrepreneurs, nos aventuriers de l’évasion fiscale décomplexée donnent leur pleine mesure, et nous montrent en creux à quelle sauce nous serons mangés si nous avons l’imprudence de croire à leurs boniments sirupeux,  faussement bienveillants et néanmoins lourds de menaces.

A vrai dire, le repas est bien entamé, et notre oligarchie en est au plat de résistance pour ce qui concerne notre « cher et vieux pays », comme le disait « Mon général » dans ses rares  moments d’attendrissement.

Après tant d’années, il est étonnant que celles et ceux qui tiennent ces discours de maître à valet aient encore le moindre crédit. Il est vrai que la « gOOOChe » dite de gouvernement a tout fait pour accréditer l’idée qu’il n’y avait pas d’autre alternative que le martinet du Père Reagan, ou le fouet de Maîtresse Tatcher.

Ca donne aujourd’hui le choix entre le repli identitaire de la Marine ou le LBD de Jupiter le Bienveillant, mais pas Père Noël pour autant….

Le procès des quatre truands, comme ils se qualifiaient eux-mêmes avant qu’on leur cherche des crosses, est programmé jusqu’à mi-juillet. Pas sûr que cela suffise à éclairer celles et ceux qui persistent à trouver des vertus à cette manière cavalière de faire du fric sur le dos des plus faibles, chacun(e) étant persuadé(e) qu’il vaut mieux que cela et qu’un jour ou l’autre son mérite sera reconnu et récompensé.

Mais l’avenir n’est écrit nulle part, alors on verra bien. Mais ça commence à faire long !

André BARNOIN dit Dédé, de Mulhouse (68)

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