Avant de savoir qui doit passer en premier, des droits ou des devoirs, et d’y consacrer d’innombrables ouvrages de philosophie, de morale, d’économie et d’en débattre en  séquences bavardes sous les projecteurs des plateaux télé,  on doit considérer comme principe fondateur, LE BESOIN.

Dès la première seconde de son existence, le nouveau-né a un besoin vital à satisfaire : respirer. Si pour une raison quelconque il ne remplit pas ses poumons d’air dans un délai extrêmement court, il cesse aussitôt d’exister. Au fur et à mesure de sa croissance, ses besoins ne cessent de croître et se diversifier, allant des plus indispensables à sa survie, jusqu’aux plus nécessaires à l’accomplissement de sa destinée. Pas besoin de considérations alambiquées ni de formules magiques pour reconnaître au petit être humain le droit d’accéder sans conditions préalables à la part d’air respirable nécessaire à sa survie.

Imaginez un instant une société où …

Imaginez un instant une société où, pour des raisons philosophiques ou économiques, il serait bon d’examiner les raisons de lui donner ou non le droit de satisfaire son besoin de respirer. C’est pourtant ce que nous infligeons à la partie la plus pauvre de l’humanité, celle qui vit loin de nos yeux, comme celle qui dort sur nos trottoirs. Nous lui chipotons plus ou moins, avec plus ou moins de condescendance ou de bonne foi, le droit d’accéder à des besoins que nous trouvons naturel de nous accorder à nous-mêmes :

  • le besoin de manger à sa faim et de boire une eau potable
  • le besoin de  vivre dans un endroit propre et  sécurisé respectant son intimité
  • le besoin d’accéder à des soins médicaux en fonction de son état de santé, et non de la couleur de sa carte d’identité, de séjour ou de pas de carte du tout,
  • le besoin d’être respecté dans sa personnalité et son originalité,
  • le besoin de vaquer à ses occupations ordinaires sans être inquiété par les autorités en fonction de son sexe, son appartenance ethnique ou religieuse, sa situation administrative ou économique,
  • le besoin  d’envisager l’avenir sans trembler à l’idée de perdre son boulot, ou de ne pas en retrouver, celui de ne pas  laisser à ses enfants un endroit encore plus dégueulasse que  nous ne l’avons reçu, et cet endroit s’appelle la Terre …

Ce n’est pas pour rien qu’on construit des prisons à mesure que les usines et les services publics ferment…

C’est pourquoi toute politique qui ne se donne pas pour but la satisfaction des besoins fondamentaux de la population tout entière est fondée sur la violence, et moins ces besoins sont satisfaits et plus la violence y devient coutumière. Ce n’est pas pour rien qu’on construit des prisons à mesure que les usines et les services publics ferment… Et que dire de l’immonde et intense lobbying des méga entreprises devenues plus puissantes que les Etats, à force de renoncements successifs de la puissance publique par l’intermédiaire de traités iniques signés en catimini ou en dépit de l’opposition grandissante des populations, et qui prétendent nous nourrir en nous empoisonnant, nous fournir de l’énergie en ravageant notre environnement et imposer leurs choix financiers et économiques juste pour faire du fric en prétendant se préoccuper de nos besoins, les bons apôtres !

Belles mesures d’économie, celles qui empêchent de  fabriquer quelque chose d’utile chez nous, sous prétexte qu’on peut se le procurer moins cher à l’autre bout du monde … Ce que les « investisseurs » ont gagné sur le versement des salaires et cotisations sociales, les contribuables doivent le payer en indemnités de chômage et en constructions de lieux d’enfermement …

Et pour quel usage, cette richesse accumulée ? Des projets de conquête de Mars (certains craignent-ils d’avoir rendu la Terre inhabitable au point de songer à s’exiler sur la planète rouge ?) et d’ajouts d’organes surnuméraires alors qu’on n’est pas foutu de procurer à tout le monde les besoins de base tellement méprisés tant qu’on n’en subit pas la carence soi-même… Sans parler des résidences, palaces, yachts, avions privés, limousines, bijoux et vêtements  de luxe qui permettent à une richissime minorité de dépenser un pognon de dingue juste pour se dire qu’elle le vaut bien : le luxe, seule industrie prospère et qui trouve encore le moyen de s’engraisser sur la misère de la main-d’oeuvre la plus exploitée, à qui précisément est refusée la satisfaction de ses besoins en échange du travail fourni !  

Sans oublier les industries des armes, de la répression, du renseignement et du maintien de l’ordre, toutes activités en pleine expansion pour contraindre encore et toujours les pauvres à renoncer à la satisfaction de leurs besoins par la force, si la résignation n’y suffit plus…

la satisfaction des caprices au prix du sacrifice des besoins

Baisse du coût du travail jusqu’où, jusqu’au bénévolat ?? Hausse de la misère et de l’insécurité, voilà la contrepartie à mettre sur l’autre plateau de la balance … Idée de riches et de leurs fidèles commis, grassement payés pour maintenir les pauvres dans le besoin … Dans l’exigence de répartir enfin à tous la richesse produite par tous, il ne s’agit pas de jalousie, il s’agit de survie de l’Humanité. C’est ce  que j’appelle la satisfaction des caprices au prix du sacrifice des besoins, et ce n’est pas étonnant qu’il faille le secours de nombreux prix Nobel d’économie pour justifier pareille aberration à force de formules cabalistiques incompréhensibles par le plus grand nombre … Il faut revenir à une politique publique au service de l’intérêt général, ce gros mot ! Et l’intérêt général sera d’autant mieux défendu que les besoins fondamentaux de toutes et tous seront satisfaits. Cela me semble être la route à suivre et à concrétiser à tous les échelons de la vie publique, depuis la ville jusqu’aux grandes institutions internationales. Et comme on est plus près de Mulhouse que de New-York, commençons par Mulhouse…

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André BARNOIN dit Dédé, de Mulhouse (68)

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