Crédit photo : Morgane Gaillard

Bûcheronnage, épicerie ambulante, maraîchage, retouches de couture, garage solidaire… Sur les dix territoires lancés dans l’expérimentation « Territoires zéro chômeur de longue durée », plus de 500 personnes privées durablement d’emploi ont déjà été recrutées par les entreprises à but d’emploi (EBE) créées et les activités se multiplient.

« Au cœur du projet Territoires zéro chômeur de longue durée, il y a un constat contre-intuitif mais incontestable : des gens sont prêts et ils ont envie de travailler, il y a beaucoup de travaux véritablement utiles qui ne sont pas effectués et il y a la possibilité d’activer les dépenses passives liées à la privation d’emploi pour financer des emplois pérennes à proportion des besoins des territoires », explique Patrick Valentin, initiateur du projet. Il l’a imaginé dans les années 1970, avant de le relancer en 2011 avec ATD Quart Monde. Depuis février 2016 et le vote à l’unanimité du Parlement d’une première loi d’expérimentation portée par le député Laurent Grandguillaume, dix territoires tentent ainsi, à leur échelle, de mettre en œuvre le droit à l’emploi, en permettant à chaque chômeur qui le souhaite de retrouver un travail.

L’idée est simple : il s’agit de rediriger les dépenses issues des coûts de la privation d’emploi vers le financement d’emplois manquants en assurant de bonnes conditions de travail. Les personnes privées durablement d’emploi du territoire sont ainsi embauchées, sur la base du volontariat, en CDI, à temps choisi et au Smic, par des entreprises à but d’emploi (EBE). Sur 5 ans, ce sont environ 2 000 personnes qui devraient ainsi être recrutées. Leurs emplois ? Des travaux utiles qui ne sont pas pourvus sur le territoire, mais qui ne doivent en aucun cas mettre en péril des emplois marchands. Le principe de non-concurrence est essentiel dans ce projet. Depuis janvier 2017, 11 EBE ont ouvert sur les territoires habilités.

Des salariés polyvalents pour des activités extrêmement variées

Bûcheronnage, recycleries, épicerie ambulante, maraîchage, retouches de couture, petits travaux agricoles, garage solidaire… Les activités sont aussi variées que les besoins des habitants et des territoires. Plus de 500 personnes privées durablement d’emploi étaient déjà recrutées fin juin. Les salariés sont polyvalents et les activités qu’ils exercent sont définies en fonction de leurs envies et de leurs compétences. « Dans l’EBE, la personne est au centre et fait ce qu’elle aime faire. C’est la clé de ce projet et ce qui fait que cela marche », explique Geneviève Moreau, salariée de La Fabrique, EBE du Pays de Colombey et du Sud toulois en Meurthe-et-Moselle. La formation occupe également une place de choix dans ces entreprises. Sur le territoire de Pipriac-Saint-Ganton en Ille-et-Vilaine, tous les salariés suivent des formations avant d’entrer dans l’EBE, sur la sécurité, la culture d’entreprise et aussi l’entretien des espaces verts ou la recyclerie, deux des activités principales de TEZEA. « C’est un plus énorme, les équipes arrivent déjà soudées, avec une vision et une motivation communes », se réjouit Guillaume Bonneau, l’un des deux directeurs de l’entreprise.

Une nouvelle loi nécessaire dès 2019

Cette première expérimentation est extrêmement prometteuse et est évaluée avec soin. Il faut déjà envisager sa prolongation et son extension à de nouveaux territoires afin d’approfondir et de conforter la première étape. Autour de l’association TZCLD, la mobilisation s’organise. 103 parlementaires ont rejoint le comité de soutien et plus d’une centaine de territoires sont d’ores et déjà identifiés pour participer à l’extension de cette expérimentation.

TZCLD – Juillet 2018

Denis MAGNIN (38 – La mure)