Après avoir dévoilé en janvier 2018, un état des lieux alarmant des inégalités dans le monde, Oxfam a enquêté en France, sur les grandes entreprises et révèle avec le BASIC (Bureau d’Analyse Sociétale pour une Information Citoyenne), dans un rapport intitulé « CAC40 : des profits sans partage» la façon inégalitaire dont sont partagés les profits des entreprises du CAC 40, l’indice boursier français.

Ainsi commence le rapport: « En 2017, 82 % des richesses créées dans le monde ont bénéficié aux 1 % les plus riches, alors que les 50 % les plus pauvres n’en ont reçu que des miettes ».

Depuis 2009, les entreprises du CAC 40 ont versé plus de 407 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires et près de 51 milliards d’euros versés en 2017. Les entreprises françaises sont les champions du monde des dividendes et de loin les premiers en Europe. Loin des discours ambiants, la France est compétitive pour ceux qui veulent s’enrichir au détriment d’un intérêt collectif, et d’une juste répartition des richesses.

« De 2009 à 2016, sur 100 euros de bénéfices, les entreprises du CAC 40 ont en moyenne reversé 67,4 euros de dividendes aux actionnaires, ne laissant plus que 27,3 euros pour le réinvestissement et 5,3 euros de primes pour les salariés. (…) Les entreprises du CAC 40 n’ont pas toujours été aussi généreuses avec leurs actionnaires : si elles leur ont distribué plus de 67 % de leurs bénéfices en 2016, ce taux ne dépassait pas les 30 % dans les années 2000. »

Des dividendes record

Au niveau des dividendes pour les actionnaires : la France est le pays au monde où les entreprises cotées en bourse reversent la plus grande part de leurs bénéfices en dividendes aux actionnaires. Depuis 2009, sur 100 euros de bénéfices, les entreprises du CAC 40 ont en moyenne reversé 67,4 euros de dividendes aux actionnaires et seulement 5,3 euros sous formes de primes aux salarié-e-s.

Pourtant, ce sont principalement les personnes qui travaillent au sein de ces entreprises qui créent leur richesse. Les actionnaires sont rois et les salarié-e-s sont les grands perdants de ce partage : si les entreprises du CAC 40 avaient choisi de maintenir en 2016 le même niveau de dividendes qu’en 2009 et d’augmenter la rémunération des employés plutôt que de maximiser les dividendes des actionnaires, l’ensemble des travailleurs du CAC 40 dans le monde auraient pu voir leurs revenus augmenter en moyenne d’au moins 14 000 euros sur la période, soit plus de 2 000 euros par an et par employé.

Le grand écart salarial

Au niveau des écarts salariaux, les grandes entreprises alimentent également les inégalités en rémunérant de façon excessive leurs grands patrons, au regard de la rémunération moyenne des salarié-e-s. Ces écarts salariaux indécents se traduisent par des rapports de plus en plus grands entre hauts et bas salaires : en 2016, les patrons du CAC 40 gagnaient en moyenne 257 fois le SMIC, et 119 fois ce que le salaire moyen au sein de leur entreprises (en 2009, cet écart était de 97). L’écart le plus important a été constaté chez Carrefour où le PDG  a perçu en 2016, 553 fois le SMIC.

Le recours accru à l’évasion fiscale

Les entreprises du CAC 40 creusent aussi les inégalités en ne payant pas leur juste part d’impôt. Le recours accru à l’évasion fiscale reste un réflexe largement répandu parmi les entreprises du CAC 40.  En 2016, elles détiennent plus de 1 400 filiales dans les paradis fiscaux, un chiffre croissant. L’évasion fiscale des entreprises du CAC 40 a un impact humain : en cachant leurs profits et en ne contribuant pas à leur juste valeur, les entreprises privent les Etats de recettes fiscales importantes, qui pourraient bénéficier au financement de services publics (transports, éducation, santé, etc.) utiles à tous.

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