Un coup DE fil et tu passes
de « professeur & chargée de com » à … chômeuse.
Autrement dit à : « rien ».

« Allo Justine* ? C’est Véronique*, Solange* est revenue aujourd’hui. Donc, ce n’est pas la peine de venir mercredi. » – « Ok, je ne pensais pas l’apprendre comme ça, même si je savais que ça pouvait arriver. Et pour la com on fait comment ? » – « Ben, elle est à temps plein, je ne peux rien faire. Je sais que tu peux bien faire. J’ai des retombées. J’ai « Radio Tintin et Milou* » qui m’a téléphoné aujourd’hui et aussi un journal papier… » – Bam. Tu as juste le sentiment d’avoir bossé pour une boîte où ton travail paie et que tu ne récupéreras pas les lauriers. Pourtant ma patronne était sympa et je l’ai même senti un peu gênée au téléphone…. – Même si ce n’était pas le job du siècle et que ce n’était que pour un remplacement, c’est toujours un couperet qui tombe comme une douche froide. Un coup fil et tu passes de « professeur & chargée de com » à … chômeuse. Autrement dit à : « rien ».

J’ai déjà le corps qui se contracte à l’idée de devoir répondre à cette horrible question : « Et toi, tu fais quoi dans la vie ? » – De devoir déballer un speech de 15 000 mots pour raconter ma vie qui pourrait se résumer à : « Rien. J’ai plu de boulot connard ! Pardon, je ne voulais pas t’insulter t’y es pour rien, c’est juste que j’ai de la haine et évite de me dire : « Pfff c’est pas facile aujourd’hui l’emploi et t’as regardé sur Internet et chez « *A fond les ballons verts » t’as demandé ? » …. – « TA GUEULE ! » – Etre chômeur, c’est comme Renaud quand il chante « Ma gonzesse » : « Il ne faut rien dire du tout de mon chômage ».

Heureusement le 1er mai a permis de faire force dans la lutte. J’ai même eu beaucoup de succès avec la vente de mon muguet pour le parti où je milite depuis presque un an. Mais malgré le drapeau, mon badge « Mon train, j’y tiens » pour soutenir le combat des cheminots, aujourd’hui 19 h 01 c’est bien une nana à bac+5, stages en poche et nombreux CDD à la clé sans emploi, à qui on dit souvent : « Ho, je ne m’inquiète pas pour toi… en plus t’es mignonne et motivée » (ben à force, moi je préférerais qu’on s’inquiète pour moi) qui écrit ces putains de lignes en regardant la pluie tombée par la fenêtre. Une météo printanière bien pourrie, tel le symbole d’un déluge social qui nous tombe en ce moment sur la tête…

Justine Zoltan* (Auvergne)

*Les noms ont été changés par soucis d’anonymats.

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